DANTE ALIGHIERI.                                      Comédie, ou Divine Comédie ?               Gérard Saccoccini

Mercredi 1 décembre 2021  18H00
Salle Polyvalente du Coulet à Tourrettes 

 

  Dante Alighieri, de son vrai nom Durante degli Allighieri (dit Dante) fut un penseur, écrivain, poète et homme politique de la République de Florence, où il naquit en 1265, vraisemblablement entre mi-mai et mi-juin. La cité est alors déchirée par les luttes entre « guelfes » partisans du pape, et « gibelins », partisans de l’empereur germanique. 

  Sur le site historique où s’érigeait la maison familiale, la ville de Florence a acquis le terrain et fait reconstruire « la maison de Dante » à titre d’hommage au divin poète et pour en garder la mémoire. 

Qualifié de « sommo poeta » (poète majeur) du Moyen-âge en Italie, il fut désigné comme « le poète » accompli, père de la langue italienne issue du dialecte normatif toscan qu’il imposa comme langue littéraire avec Pétrarque et Boccace, composant avec eux les trois couronnes de la langue italienne.

 C’est dans cet idiome qu’il écrivit, entre 1303 et 1321, la Commedia, qui deviendra la Divine Comédie, son chef-d’œuvre, considéré comme une pièce d’anthologie majeure de la littérature mondiale et un témoignage parmi les plus importants de la civilisation du Moyen-âge. 

  Après l’écroulement de l’Empire romain, le Haut-Moyen-âge débute par la désagrégation de cette entité en une mosaïque de petits états dans lesquels les populations ne partagèrent plus une langue unique, ni une loi, ni une culture commune car la société civile se morcela, au gré des mouvements, des apports extérieurs et des interpénétrations de peuplades barbares. Une multitude de particularismes locaux ont favorisé la floraison d’usages, de coutumes, de dialectes et de cultes, annihilant pour des siècles tout esprit unitaire propre à fédérer les peuples italiques. 

A l’examen des nombreux dialectes, Dante arrive à la conclusion qu’aucune langue vulgaire n’a de prééminence et ne peut s’imposer. Il réfléchit alors à une langue vulgaire unitaire qui pourrait prévaloir à titre d’idiome universel et couvrir toute la péninsule. 

Parce qu’il a choisi le dialecte toscan plutôt que le latin, et parce que la puissance et le rayonnement de son œuvre ont conduit Pétrarque et Boccacio à écrire aussi en dialecte, il est ce géant de la littérature italienne qui a posé la première pierre des fondations de la langue italienne moderne. 

  Banni de Florence qu’il ne revit jamais, le génie de Dante aura été d’avoir permis de construire une patrie unique, une patrie plus grande, une patrie plus belle encore que celle dont on l’avait privé, une patrie magnifique qui s’impose comme le plus beau des cadeaux offerts au peuple italien. 

  Même si, aujourd’hui, la dictature du politiquement correct et les déviances de la pensée unique engagent une polémique dont la finalité vise à « purger » le texte original de tous les éléments qui seraient susceptibles de froisser certaines convictions religieuses communautaires, voire de le retirer des programmes scolaires. 

Selon le poète britannique T.S. Eliot « Dante et Shakespeare se partagent le monde moderne, il n’y a pas de troisième homme ». 

  En 2020, le Conseil des ministres italien a acté le 25 mars comme journée officielle de commémoration de Dante (Dantedi), sur le rapport des spécialistes ayant établi que c’était la date du début du voyage en Enfer et de la rencontre avec Virgile. Parce qu’il fut enseveli dans la terre d’accueil de Ravenne, devenue le creuset de la construction d’une patrie universelle, la ville refuse toujours de restituer à Florence les restes du poète qui a inventé l’Italie !